Sous COMMISSION LITURGIE St Jacques

Les Divisions dans l'Eglise: Origines

Les origines des divisions dans l’Eglise

Les divisions ou crises dans l’Eglise trouvent leur origine à la naissance des premières communautés chrétiennes.

Après l’Ascension de Jésus, les disciples restent un temps soit peu inactifs jusqu’au jour où l’Esprit Saint se manifeste à eux lors de la pentecôte juive. Libérés de la peur et remplis de la force de l’Esprit de Dieu, ils vont pour la première fois à la rencontre du peuple pour l’annonce kérygmatique, c’est-à-dire proclamer à tous que ce Jésus qui a été crucifié, Dieu l’a ressuscité des morts conformément aux Ecritures, qu’il est Seigneur et qu’eux en sont des témoins vivants (Ac 2,14-41).

C’est la première profession de foi publique. Le Credo que nous récitons aujourd’hui dans nos assemblées eucharistiques trouve sa source dans cette proclamation apostolique des origines.

A la suite de cet évènement de la pentecôte qui a vu le baptême d’environ trois mille âmes (Ac 2, 37-41), est né la première communauté des croyants en Jésus Christ (Ac 2, 42-47). Cette communauté avait déjà en son sein les premiers jalons de toute communauté chrétienne qui naîtra par la suite : « ils se montraient assidus à l’enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelles, à la fraction du pain et aux prières ; ils mettaient tout en commun. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.44.47). Mais très vite, cette première communauté va se disloquer à la faveur des persécutions subies par les chrétiens. C’est le moyen par lequel l’Esprit Saint suscitera l’expansion de l’Evangile à travers toute la Palestine et même en dehors de ce territoire. C’est ainsi que la Bonne Nouvelle va atteindre le milieu païen grâce à Pierre et surtout à Paul, prophète des Nations.

L’expansion de l’Evangile crée de facto la naissance de nouvelles communautés chrétiennes. Cependant la vie à l’intérieure de ces communautés ne sera pas sans achoppement. C’est ainsi que ces communautés vont vivre en leur sein des crises de tous ordres. La première lettre de Saint Paul aux Corinthiens suffit pour étayer amplement les divisions qui ont surgi au début du christianisme. Par ailleurs, l’histoire de l’Eglise nous révèle également que la vie de l’Eglise a été marquée par de graves divisions entre autres le schisme d’Orient, le schisme d’Occident et la réforme protestante. Toutes ces divisions sont motivées par deux causes majeurs : le problème d’autorité (leadership) et le problème doctrinal.

I-      Les divisions dans les premières communautés chrétiennes, l’exemple de Corinthe

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Saint Paul adresse à ses lecteurs cette exhortation : « Je vous exhorte, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ : soyez tous d’accord, et qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; En effet, mes frères, les gens de Chloé m’ont appris qu’il y a des discordes parmi vous » (I Co 1,11). C’est dire que la lutte contre les divisions a de tout temps animé l’action des pasteurs dans la mesure où ceux-ci ont la charge de maintenir la flamme de l’unité comme l’a voulu le Christ : « Que tous soient un » (Jn 17,21). Dans cette communauté de Corinthiens, il a existé des divisions d’ordre culturel, moral et doctrinal.

 Il s’est posé le problème de leadership : « chacun de vous parle ainsi : « Moi, j’appartiens à Paul. –Moi à Apollos. – Moi à Céphas. – Moi à Christ. » (I Co 1,12). Et Paul de s’interroger « Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Il a existé le débat sur la vraie et la fausse sagesse. En effet, il était à peu près inévitable que, vivant dans le monde religieux hellénistique, les chrétiens soient tentés de penser leur foi sur le modèle des nombreux cercles d’initiation qui groupaient les disciples d’un maître renommé. D’où l’engouement pour des prédicateurs comme Apollos qui devait avoir le brillant et l’éloquence de ces maîtres païens ; d’où aussi les divisions, chacun voulant se mettre sous le patronage d’un chef d’école. La réaction de Paul est vive. Il s’oppose énergiquement à cet état de choses car il y voit le danger d’une réduction de la foi chrétienne à une sagesse philosophique humaine ; il constate les rivalités d’écoles qui en sont les conséquences et qui ruinent sa conception de l’Eglise-rassemblement. Paul va donc opposer la sagesse humaine à la « folie » de la prédication (I Co 1,17-25) afin que la foi des chrétiens ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu (I Co 2,5).

Les désordres dans les assemblées religieuses (chap 11-14) constituent un nouveau cas de contamination de la vie chrétienne par les comportements issus de la mentalité religieuse du paganisme. Que ce soit les abus dans la célébration de l’Eucharistie où l’ambiance suspecte des repas sacrés du paganisme semble s’être déjà infiltré (I Co 11,21), que ce soit l’atmosphère des réunions liturgiques où l’on retrouve également des éléments de l’exaltation quelque peu délirante de certaines réunions religieuses que les chrétiens fréquentaient sans doute avant leur conversion, le but de Paul est toujours le même : maintenir le caractère propre du culte chrétien qui n’a pas à se conformer aux mœurs religieuses environnantes mais doit refléter le mystère célébré : l’unité de la communauté dans le Christ.
        Au plan doctrinal, Nous assisterons à l’apparition des hérésies de toutes sortes.
       Autant dire que les divisions ont toujours miné la bonne marche de l’Eglise. Au cours de son histoire, l’Eglise va connaître de profonds déchirements tels que les schismes.
 

II-                Les différents schismes et la réforme protestante.

L’Eglise a connu deux grands schismes : le schisme d’Orient (IXè-XIè siècle) et le schisme d’Occident (XIVè-XVè siècle). Avec la réforme protestante, nous assisterons désormais à la floraison d’une multitude de communautés chrétiennes indépendantes se réclamant du courant luthérien.

1)      Le schisme d’Orient (IXè-XIè s)

Il s’agit de la rupture qui est intervenue entre l’Eglise d’Orient et l’Eglise de l’Occident. Cette séparation est le résultat d’un dialogue absolument manqué entre le Patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire et le pape Léon IX (par son légat, le cardinal Humbert). Le motif immédiat est à la fois juridique, liturgique et politique. Il aboutit à la rupture et à la mutuelle excommunication (1054). Derrière ces raisons il y a des oppositions plus anciennes et profondes. Elles portent en partie sur deux conceptions de l’Eglise : plus collégiale en Orient, plus monarchique en Occident. Elles concernent aussi la théologie trinitaire : l’Eglise, enracinée dans le mystère trinitaire, valorise l’Esprit en Orient et le Christ en Occident. D’une conception de l’Eglise plus juridique en Occident, plus mystique en Orient.

La cause la plus importante de la rupture entre Rome et Constantinople se trouve sans doute dans l’intensification du centralisme papal et dans les prétentions des Evêques de Constantinople. En effet, imposant de façon autoritaire ses coutumes, l’Eglise de Rome ne respectait pas toujours les « antiques privilèges » des Eglises orientales, les premières de l’histoire. D’autre part, les Evêques de la ‘Nouvelle Rome’ (Constantinople) avaient tendance à se considérer comme la suprême autorité doctrinale et disciplinaire de l’Orient sur un pied d’égalité avec l’Evêque de Rome, considéré comme l’autorité suprême de l’Occident seulement.

 2)      Le schisme d’Occident (XIVè-XVè s)

Le 5 juin 1305, Bernard GOT, archevêque de Bordeaux est élu pape sous le nom de Clément V. Son couronnement initialement fixé à Vienne, eut finalement lieu à Lyon. Et dès 1309, le pape se fixe à Avignon. Pendant soixante-dix ans (70), les papes résideront à Avignon en raison de l’insécurité de Rome et de l’Italie, mais aussi à cause de l’influence politique de la France.

Après la mort de Grégoire XI, seize (16) cardinaux entrent en conclave et élisent comme pape l’archevêque de Bari, Bartolomeo Prignano, un napolitain qui prend le nom de Urbain VI (18 avril 1378). Mais dès la fin du mois d’avril, Urbain VI s’attirait l’hostilité des cardinaux en leur reprochant en public et avec violence leur luxe et leur absentéisme, allant jusqu’à les traiter de voleurs. Et voulant même réduire brusquement leur train de vie.

Sous des prétextes divers, les cardinaux s’éloignent, un à un de Rome. Ils contestent l’élection d’Urbain VI. Le 20 septembre, ils entrent en conclave et élisent Robert de Genève qui prend le nom de Clément VII. La chrétienté se divise donc en deux obédiences. Ainsi commence le schisme d’Occident qui devait durer trente et neuf (39) ans. Cette situation finit par nuire à l’Eglise. A Urbain VI, pape de Rome succédèrent Boniface IX, Innocent VII, Grégoire XII. A Avignon, Benoît XII succéda à Clément VII.

Le concile de Pise en 1409 fut d’accord de déposer les deux papes considérés comme destructeurs de l’Eglise. On élit l’archevêque de Milan qui prit le nom d’Alexandre V. le résultat est la présence simultanée de trois (3) papes. Le concile de Constance en 1414 convoqué par Jean XXIII puis abandonné par lui, acceptera l’abdication de Grégoire XII. Benoît XIII réfugié en Espagne sera déposé, abandonné par les Espagnols qui reconnaissait son autorité. Son successeur Clément VIII est rejeté par tous. Le 11 novembre 1417, les cardinaux élisent comme pape Oldone Colonna sous le nom de Martin V. le grand schisme d’Occident prenait ainsi fin.

3)      La réforme protestante.

La réforme luthérienne qui est une véritable révolution, s’est édifiée sur un arrière fond de raisons extrêmement mêlées qu’on ne peut jamais séparer sans risquer de tronquer la réalité. Les abus et les tares de Rome, les ambitions politiques de l’Allemagne et la crise économique qui frappe alors l’Europe sont quelques unes de ces raisons. Mais elles ne suffisent à tout expliquer. Aussi faut-il d’abord chercher les sources de cette rupture dans la personne même de l’initiateur de la réforme : le moine augustinien, Martin Luther.

Né le 10 novembre 1483, Martin LUTHER va connaître une enfance paisible jusqu’au jour où il a été surpris par un orage dans un bois et que la foudre est tombé à ses pieds. Affolé, il fait à la Vierge Marie le vœu de se faire moine s’il sort indemne de cette situation. Aussi rentre-t-il à 22 ans, chez les moines augustins contre le gré des parents. Depuis l’évènement de l’orage, Luther avait une âme angoissée. Il se sentait comme poursuivi par la mort et le jugement dernier dont il avait tellement entendu parler.  Il prononce ses vœux en 1506 et reçoit l’ordination sacerdotale l’année suivante avant d’enseigner quelques temps à l’université. En 1512, il est promu docteur. Il reçoit la chair d’Ecriture Sainte et se révèle un brillant professeur dont la démarche théologique, sortant des sentiers battus de l’époque-le salut par les œuvres- se fonde sur le péché, la grâce, la foi et la justice de Dieu. Rien pourtant n’arrive à apaiser Luther : ni les dévotions, ni les œuvres entreprises, ni la théologie, ni même les élans mystiques. Finalement, c’est dans l’Ecriture qu’il va trouver l’apaisement qu’il recherchait.

L’expérience dont il s’agit se situe dans les années 1512-1513, pendant la préparation d’un cours d’exégèse biblique. Selon la description que Luther lui-même en a fait, tout se passe comme s’il était tout à coup éclairé par une lumière divine qui dissipe toutes ses inquiétudes et apaise son cœur. Grâce à l’Ecriture qui devient dès lors le foyer unique de son activité doctrinal, il résout le paradoxe qui tenaillait son esprit : « comment le Dieu miséricordieux peut-il être en même temps juste ? » Il trouve la réponse dans l’Epître aux Romains : « L’homme est justifié par la foi indépendamment des œuvres de la Loi. » (Rm 3,28) C’est la découverte de la miséricorde de Dieu et par la même occasion celle de l’opposition entre la sécurité procurée par les œuvres et la certitude que donne l’Evangile sur le salut par la seule grâce de Dieu reçue de la foi. Il faut préciser que Luther ne prône pas le rejet des œuvres. Mais il estime qu’elles ne valent rien si elles ne sont pas suscitées par la foi. Ce ne sont pas elles qui procurent le salut.

Malgré la condamnation prononcée en juin 1520, Luther ne désarme pas. Il publie, entre ce même mois de juin et celui de novembre, quatre ouvrages que l’on a pris l’habitude d’appeler les grands écrits réformateurs. Interpellé, le 11 décembre Luther répond en brûlant et les œuvres de Jean ECK, un de ses contradicteurs les plus efficaces, un livre de Droit canonique et la bulle du pape. Le 3 janvier 1521, Luther est excommunié par la bulle Decet romamun. La rupture est consommée.

Conclusion

 En définitive, nous retenons que l’unité prônée par le Christ en Jean 17 a du mal à se réaliser du fait de notre orgueil et de notre amour propre trop prononcé. Toutes ces ruptures qui sont intervenues dans l’histoire de l’Eglise ont pour causes : le refus de se soumettre à l’autorité ecclésiale établie depuis toujours par le Christ lui-même et, le désir de suivre un chemin autre que celui proposé par le Christ et les Apôtres qui en sont les dépositaires légaux ainsi que leur successeurs. Ces causes de divisions existent encore dans nos communautés aujourd’hui. Pour ne pas arriver à ne rupture, d’une part chacun de nous doit accepter bon gré mal gré l’autorité de l’ordinaire du lieu, l’Evêque, et celui de son plus proche collaborateur le curé de la paroisse ainsi que de ses vicaires. D’autre, ne pas rechercher un autre enseignement que celui du Christ et de l’Eglise qui est son corps.

Par le Père Eric Amangoua
Le 23 Fev 2007



24/02/2007
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