vendredi 21 mai 2010
Pentecôte 1883, le sourire de Marie (II)
Je ne sais comment décrire un mal aussi étrange: je disais des choses
que je ne pensais pas, j'en faisais d'autres comme y étant forcée
malgré moi ; presque toujours je paraissais en délire, et cependant je
suis sûre de n'avoir pas été privée un seul instant de l'usage de ma
raison. Souvent, je restais évanouie pendant des heures, et d'un
évanouissement tel qu'il m'eût été impossible de faire le plus léger
mouvement. Toutefois, au milieu de cette torpeur extraordinaire,
j'entendais distinctement ce qui se disait autour de moi, même à voix
basse, je me le rappelle encore.
Et quelles frayeurs le démon m'inspirait! J'avais peur
absolument de tout : mon lit me semblait entouré de précipices affreux;
certains clous, fixés au mur de la chambre, prenaient à mes yeux
l'image terrifiante de gros doigts noirs carbonisés, et me faisaient
jeter des cris d'épouvante. Un jour, tandis que papa me regardait en
silence, son chapeau qu'il tenait à la main se transforma tout à coup
en je ne sais quelle forme horrible, et je manifestai une si grande
frayeur que ce pauvre père partit en sanglotant.
(...)
Dans les moments où la souffrance était moins vive, je mettais ma joie
à tresser des couronnes de pâquerettes et de myosotis pour la Vierge
Marie. Nous étions alors au beau mois de mai, toute la nature se parait
de fleurs printanières ; seule, la petite fleur languissait et semblait
à jamais flétrie ! Cependant elle avait un soleil auprès d'elle, et ce
soleil était la statue miraculeuse de la Reine des Cieux. Souvent, bien
souvent, la petite fleur tournait sa corolle vers cet Astre béni.
Un jour, je vis papa entrer dans ma chambre ; il paraissait
très ému, et, s'avançant vers Marie, il lui donna plusieurs pièces d'or
avec une expression de grande tristesse, la priant d'écrire à Paris
pour demander une neuvaine de messes au sanctuaire de Notre-Dame des
Victoires, afin d'obtenir la guérison de sa pauvre petite reine. Ah!
que je fus touchée en voyant sa foi et son amour! Que j'aurais voulu me
lever et lui dire que j'étais guérie ! Hélas! mes désirs ne pouvaient
faire un miracle, et il en fallait un bien grand pour me rendre à la
vie! Oui, il fallait un grand miracle, et, ce miracle, Notre-Dame des
Victoires le fit entièrement.
Sainte Thérèse de Lisieux, Histoire d'une âme, chap III
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Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.