Sous COMMISSION LITURGIE St Jacques

Homélie 4è dimanche

NOEL

4ème Dimanche. AVENT. C

Frères et Sœur,

Nous voilà parvenus au dernier dimanche de l'Avent. Et il est bien particulier cette année.

Pourquoi ?

Parce qu'il est situé à quelques heures de Noël. Noël pointe à l'horizon. Les premières lueurs nous irradient. Mais attention !

Nous ne fêtons pas encore Noël. Nous n'avons pas à sauter à pieds joints le 4ème dimanche.

Ce 4ème dimanche garde toute son importance. Il nous met en effet, en appétit. Il nous indique les attitudes à avoir. Ce dimanche est comme le dimanche de la préparation immédiate de Noël.

Beaucoup de nos frères et sœurs ne sont pas venus aujourd'hui. Se disant qu'ils vont juste venir à la veillée de demain – de ce soir-. Ceux la quelles préparation ils auront pour aborder Noël, pour accueillir le Messie ? Eh bien croyez moi vous êtes mieux préparés qu'eux.

C'est vrai, nous l'avons souligné, nous ne fêtons pas encore Noël, mais nous voyons ce que fait le Christ quand on le rencontre. Le Messie vient. Sa venue est imminente. Le Messie est à nos portes. Mais comment le reconnaître ? Les textes dans leur ensemble mais la première Lecture particulièrement, nous tracent le portrait de celui qui est annoncé. Celui qui vient, est Pauvre, Humble. Il diffuse Paix et Joie.

Celui qui vient est Pauvre, Humble…

En effet la 1ère Lecture dit :

'' Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c'est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l'aube des siècles. Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d'Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormais sa puissance s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix !''

Il ne faudrait donc pas le chercher dans les endroits luxueux où on célèbre plus l'ego que l'autre, l'égoïsme que l'altruisme.

Il ne faudrait donc pas le chercher dans les cliniques à plusieurs étoiles, les hôpitaux de référence et de renommée réservés à une élite, mais on le trouve dans les ghettos, les faubourgs, les endroits reculés de nos milieux de vie, dans les endroits reculés de nos cœurs.

Pour le rencontrer, pour le voir, il va falloir descendre de notre escabeau, de notre piédestal, de nos montagnes d'orgueil, de suffisance, pour le rejoindre dans la ''simplicité de la crèche… Mais ce n'est pas encore Noël.'' Il va falloir se bousculer, se désinstaller, marcher, marcher vers…

Le Messie qui vient n'est pas un Roi puissant et glorieux à la manière humaine.

Un Roi qui viendrait accompagné d'une cour aux ordres qu'on écrase, qu'on piétine pour se rappeler qu'on est devenu quelqu'un ou qu'on est quelqu'un.

Sa toute puissance est d'ailleurs. C'est un berger, plein de sollicitude pour chaque brebis.

Les amoureux de pouvoir, de prestige, d'honneur risquent de se méprendre.
Les assoiffés de pouvoir d'ici et d'ailleurs,
les gourous des tropiques de nos pays d'Afrique qui jouent avec le souffle de leur peuple risquent de rester à la lisière de la fête, ne fêtant que leur avoirs, leurs acquisitions malicieusement, malhonnêtement extorqués au peuple.

Ce sera pour eux : une fête de bouffe et d'alcool, un simple réveillons pour exhiber, exposer ce qu'ils ont pu accumuler pendant l'année.

Le Messie qui vient, dit la 1ère Lecture, est un Messie qui refait l'unité.

''… et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d'Israël…''

Un Messie, on le souhaite pour notre pays n'est ce pas ? Un Messie conciliateur, un Messie constructeur de ponts, un Messie qui rapproche les adversaires d'hier… Dans une Côte d'Ivoire disloquée, déchirée, balafrée, dans une Côte d'Ivoire où on dit vouloir l'union, l'unité alors qu'on se complaît dans la désunion et la guerre des intérêts.

Ne risque t-on pas de chercher à tuer le nouveau né dans son berceau ?

Ce Messie trouble-fête, ''emmerdeur'' risque en effet d'être assassiné dans un pays où on a maintenant la gâchette facile, qu'on ait le permis de port d'arme ou pas.

Hérode nous donnerait raison, mais ce n'est pas encore Noël.

J'ai eu en préparant cette homélie une idée que je veux partager avec vous. J'ai eu envie d'écrire à la très Sainte Vierge Marie pour lui dire :

- ''Maman, donne un gilet pare-balles à ton fils avant de le laisser venir, sinon il risque gros''

Le Messie qui vient est la Paix personnifiée. La 1ère Lecture dit :

''… et lui-même, il sera la paix !'' Quand il est là : il y a la paix.

En Côte d'ivoire, nous avons déjà célébré quatre (4) Noël depuis l'éclatement de la crise. On dirait qu'il n'est jamais né ici, sur notre terre, ce Messie.

Le Messie qui vient, distille, diffuse La joie.

C'est un Messie de la joie. Parce qu'il y a la paix. Paix et joie vont ensemble.

Pas la joie suscitée par les grands crus, donc par l'alcool et les plats succulents de ce soir et de demain, mais la joie de l'accueil et de la disponibilité à faire la volonté de Dieu dans notre vie. Tout au moins à essayer.

''…Tu m'as fait un corps…me voici mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté…'' nous dit St Paul dans la 2ème Lecture.

Avant l'épisode de l'évènement de ce jour.

''Je suis la servante du Seigneur,…'' dira Marie avant de se hâter pour aller voir sa cousine.

L'évènement nous a présenté la rencontre de Marie et d'Elisabeth, deux femmes, deux croyantes débordantes de joie et d'action de grâce, la rencontre de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Rencontre ou Marie est présentée comme « Arche d'Alliance »

Pourquoi cette joie ?

Parce que Dieu a visité son peuple. En filigrane, nous découvrons que notre Dieu n'est pas frappé de surdité, n'est pas sourd. Il répond, il accède aux appels de son peuple.

''Après un temps de délaissement, …vient le jour.''

Le jour de la libération, celui de la vérité de Dieu et cela est source de joie.

Le Psaume disait ''Dieu de l'univers… Reviens''

C'est le cri de beaucoup en faveur de notre pays. ''Seigneur reviens pour notre pays''

Ce psaume est né du souvenir d'une période difficile où Israël vivait une sorte d'absence de Dieu. Israël était comme une vigne livrée au tout-venant parce que les fils étaient désunis, remontés les uns contre les autres. Tout le monde avait raison.

Le peuple crie à son Seigneur ''REVIENS'' et l'interroge sur les motifs de son délaissement.

La vigne est dévastée parce que dit Dieu :

- ''vous n'êtes pas – plus – solidaires. Vous ne voyez plus le prochain. Il y a trop d'injustice. Les petites gens sont exploitées, envoyées à l'abattoir pour faire le jeu de vos intérêts. Et comme il y a des niais cupides et avides d'espèces sonnantes et trébuchantes, vous en abusez et vous vous y complaisez.''

Ce dimanche nous prépare, nous l'avons dit, à accueillir le Messie qui nous invite déjà à l'ouverture aux autres. Paraphrasons Elisabeth :

- ''Comment ai-je ce bonheur ?'' Comment aurions-nous le bonheur ?

Le bonheur si chacun dit : - ''Me voici, (je viens) pour faire ta volonté''.

La volonté de Dieu, c'est son invitation à rencontrer nos frères comme Marie qui rencontre Elisabeth ; c'est voir les autres et ne pas les enfermer dans leur étiquettes de partis politique, d'ethnie, de nationalité…

L'entrevue de Marie et d'Elisabeth nous pousse à cet échange d'avenir.

De quoi parlons-nous ?

De L'empressement de Marie. Une volonté de Dieu.

Si nous accueillons le soir le Messie, il fera de nous des missionnaires.

La hâte de Marie est une hâte missionnaire.
L'empressement de Marie est un empressement missionnaire.

Accueillir Dieu, c'est marcher.

Prendre la route avec Marie, c'est partir en mille et une visitations à la rencontre de ses proches à qui on s'est fermé, à qui on n'adresse plus la parole.

C'est aller à la rencontre des pauvres, des malades.

Ceci dit en passant ça fait 3 semaines que je lance un appel pour constituer un groupe en vue d'aller rendre visite aux personnes âgées et aux malades. Eh bien il n'y a à ce jour que 4 (samedi) 6 (dimanche) inscrits. 6 sur 12 500 paroissiens que nous sommes à St Jacques.

C'est aller faire bouger la vie. Car vivre : c'est avancer. Or nous pour l'heure nous vivotons. On subit la vie, on survit.

Noël c'est déjà Pâques ; mais ce n'est pas encore Pâques

Prendre la route avec Marie, c'est aller faire bouger l'avenir de notre pays, de nos familles bloquées par les incompréhensions, les palabres inutiles…

Si nous sommes consentants, rendez-vous ce soir pour recevoir

un ordre de mission ;
un programme de vie.

Pour l'heure, que Dieu continue de féconder nos cœurs et nous orienter vers l'essentiel.

Que Dieu nous bénisse.

Par le Père Vincent de Paul
Samedi 23 & dimanche 24 décembre 2006




26/12/2006
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