Sous COMMISSION LITURGIE St Jacques

Homélie 27ème Dim. Amangoua

Homélie du 27ème dimanche du T.O. année C le 07 Octobre 2007

 

« Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » » Frères et sœurs, nous sommes au chapitre 17ème de l'évangile selon Saint Luc qui comporte 24 chapitres. C'est dire que nous nous approchons imminament de la fin de l'évangile, c'est-à-dire de la fin du ministère terrestre de Jésus puisqu'au chapitre 22 nous est présentée la passion du Christ qui le conduira à la mort puis à sa Résurrection d'entre les morts, Résurrection qui constitue désormais le noyau de notre foi. Mais auparavant, au chapitre 19, Jésus manifeste sa Seigneurie à la face du monde en entrant triomphalement dans Jérusalem. Et nous savons que l'entrée messianique à Jérusalem constitue l'étape décisive, sinon la charnière entre la vie publique de Jésus et sa passion, sa mort, sa Résurrection et son Ascension vers le Père.

Saint Luc a organisé son évangile en 7 mouvements :

1-ch.1-ch.2 : nous avons la naissance et la vie cachée de Jean-Baptiste et de Jésus ;

2-ch.3- ch.4a : Luc nous décrit la préparation au ministère de Jésus ;

3-ch.4b-ch.9a : il nous présente le ministère de Jésus en Galilée ;

4-ch.9b-ch.19a : Jésus monte vers Jérusalem ;

5-ch.19b-ch.21 : nous avons le ministère de Jésus à Jérusalem ;

6-ch.22-ch.23 : Luc nous présente la passion de Jésus ;

7-ch.24 : nous sommes à l'après Résurrection.

Nous suivons ici la présente de l'évangile de Luc selon le découpage de la bible de Jérusalem.

Le chapitre 17 que nous avons entendu aujourd'hui est le condensé succinct de tout l'évangile. St Luc a été amené à écrire cet évangile pour les convertis qui ne sont pas du judaïsme afin de les aider à persévérer dans la foi. Pour ce faire, il va montrer à ses auditeurs que ceux-là même qui ont eu le privilège de côtoyer Jésus, ceux-là même que Jésus a choisi personnellement avaient eux aussi des difficultés à avoir une foi ferme. D'où cette demande qu'ils formulent au Christ : « Augmente en nous la foi ! » La foi n'est donc pas un acquis définitif. Il nous faut l'entretenir une fois que nous la possédons. Comme toute réalité vivante, la foi naît et croît ; mais elle peut aussi mourir, voire même disparaître si elle n'est pas nourrie, entretenue. Qu'est-ce que la foi ? Pour St Thomas d'Aquin, elle est cette vertu surnaturelle par laquelle la vie éternelle est déjà commencée en nous. Si la foi est une vertu, alors comme toute vertu humaine ou spirituelle, elle se bonifie, se consolide, se raffermit par l'exercice. Comment pouvons-nous prétendre avoir la foi si nous ne sommes pas en situation de l'éprouver ? Autrement dit, c'est en situation d'épreuve, face à la difficulté que nous pouvons manifester notre foi.

Jésus a déjà fait un bon parcours avec ses disciples. Ils ont vu se dérouler devant eux les signes de son ministère. N'oublions pas qu'ils montent vers Jérusalem et donc vers la passion du Christ. Jésus a eu à prêcher et à faire des miracles en présence des Apôtres. Ils ont été eux-mêmes envoyés en mission et des signes se sont produits en leur faveur (Lc 9, 1-6 ; 10,1-20). Et là, à cette étape importante de leur cheminement, ils se rendent compte que leur foi n'est pas encore ferme. Jésus leur donne alors cet enseignement, mais c'est à nous surtout qu'il s'adresse spécialement : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ''Déracine-toi et va te planter dans la mer'' ; il vous obéirait. » La réponse de Jésus à ses Apôtres nous fait comprendre que ce n'est pas à une chose extraordinaire que Jésus nous invite. Il ne nous demande pas de posséder une foi aux dimensions gigantesques, mais bien plutôt à la mesure d'une graine de moutarde. A cette condition, n'est pas que tous, nous pouvons posséder cette vertu qu'est la foi ? Cependant, comment se fait-il beaucoup aient encore des doutes sur leur capacité à pouvoir croire et croire fermement ? D'où nous viennent le manque de foi et les doutes ? Nous manquons de foi ou nous doutons très souvent parce que nous ne croyons pas à l'Amour ou que nous n'aimons pas assez. Nous mettons des limites aux élans de notre cœur. Nous avons peur d'aimer, parce que nous avons peur d'être offensés, d'être blessés, d'être trahis. Nous avons peur d'aimer parce que nous ne voulons pas être rejetés par les hommes. Quand je nous invite à aimer, bien évidemment, je veux faire allusion à l'amour de Dieu mais aussi à l'amour du prochain, car il n'existe pas d'amour de Dieu véritable sans amour du prochain. C'est à travers l'amour du prochain que nous pouvons tendre vers l'amour de Dieu. Inversement, c'est parce que l'amour de Dieu germe déjà dans nos cœurs que nous pouvons porter sur l'autre un regard d'amour. C'est Dieu qui nous rend capable d'aimer. La foi découle de notre volonté d'aimer, de notre désir d'aimer. La foi naît de l'amour. C'est parce que notre cœur est ouvert au don de Dieu que nous croyons en lui. Souvenons-nous que c'est Dieu qui nous aime en premier : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perdre pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16) Si nous sommes présents dans cette église c'est parce que chacun d'entre nous a une fois goûter à l'amour de Dieu dans sa vie. Et parce que nous avons été touché par cet amour, nous avons adhéré à la foi. Ainsi, la foi naît de l'amour de Dieu pour nous. En retour, pour que la foi puisse grandir en nos cœurs et s'affermir il nous faut aimer à notre tour comme Dieu nous a tant aimés. C'est par l'amour dans nos cœurs que nous pourrons augmenter notre foi. La foi et l'amour se conjuguent ensemble, l'un ne va pas sans l'autre. Sans amour, il n'existe pas de foi ; sans la foi il ne nous est pas possible d'aimer. Et si nous aimons véritablement, il sera plus aisé pour nous de dire ''au gros arbre, jette-toi dans la mer et il nous obéirait''. C'est l'amour qui porte en nous la conviction, la force de l'impossible. C'est à l'amour que nous aurons pour Dieu que nous serons capable de déraciner les gros arbres, entendons par gros arbres tous les cœurs qui refusent de se laisser toucher par l'amour de Dieu. Lorsque nous aurons manifesté beaucoup d'amour autour de nous, nous nous rendrons compte que plusieurs arbres se seront jetés dans la mer.

Regardons notre CÔTE D'IVOIRE d'aujourd'hui, que remarquons-nous ? Avec les yeux de la foi, je constate que de plus en plus les gens se tournent vers Dieu, mais qu'ils ont du mal à demander au Seigneur d'augmenter en eux la foi. Rappelez-vous que je vous ai dit foi et amour riment ensemble. Quand nous observons notre pays, peut-on encore parler de gratuité ? Aujourd'hui, combien parmi nous, rassemblés dans cette église, pouvons soutenir cette phrase de l'Evangile ; « Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. » Notre devoir de fidèle du Christ s'arrêterait-il uniquement aux limites de Saint Jacques ou de nos maisons ? Le devoir dont nous parle Jésus dans l'Evangile que nous avons entendu se limiterait-il à nos exercices de piété ? Ou ce devoir dont parle Jésus s'élargit à toutes nos dimensions sociales et professionnelles ? Combien aujourd'hui en CÔTE D'IVOIRE sont prêts à accomplir gratuitement leur service en se considérant comme des serviteurs quelconques. Tous, nous sommes plongés dans des bassins mercantiles. L'argent et le sexe sont devenus les nouveaux dieux dans notre pays. Il nous suffit de jeter un coup d'œil sur les différents examens et concours. Lors de la simple épreuve orale du Baccalauréat, un billet de 2000f ou un contact téléphonique pour les charmantes jeunes candidates suffit pour obtenir au moins 16 sur 20 sans aucun mérite sauf celui de la médiocrité. C'est un exemple parmi tant d'eux que vous connaissez mieux que nous. Et devant cette perte de conscience professionnelle, dites-moi quel corps professionnel a eu à donner un mot d'ordre de grève une fois pour dire NON à cet état de fait ? Dites-le moi ? Mais quand il s'agit d'augmenter nos salaires ou d'un bien dont nous avons été spoliés, quelle a été notre attitude ? Ultimatum au gouvernement, sinon il aura des morts sur sa conscience. Frères et sœurs, où allons-nous ? Quelle société bâtissons-nous ? La gratuité aurait-elle fuit la jargon ivoirien ? Le service accompli avec droiture d'intention existerait-il encore dans ce pays ? Et ce qui brise mon cœur de pasteur, c'est de constater que ce sont mes fidèles catholiques qui sont les maîtres à penser de ces travers. Mes frères, mes sœurs, voulons-nous être des hommes et des femmes de foi ou voulons-nous être des hommes et des femmes de foin ?

Ces agissements que je dénonce ne nous aident pas à marcher résolument et fermement vers le Royaume. Ces comportements déviants peuvent exister, mais ils ne doivent pas être le fait de vous les catholique et encore moins de vous les chrétiens de Saint Jacques. Je veux être un pasteur fier de ses brebis et je veux être heureux de vous présenter en trophée devant Dieu le jour où je comparaîtrais devant lui. Je voudrais pouvoir dire au Seigneur, ce jour-là : 'Seigneur, je suis un pauvre pécheur qui ne mérite pas ton amour, cependant je te présente les chrétiens de Saint Jacques que tu as eu à me confier comme le fruit de ta bonté et de ta miséricorde. En effet, ils ont eu à laver leur robe dans le sang de l'Agneau en accomplissant leurs devoirs humains et spirituels avec bonne conscience et droiture d'intentions. Ils ont refusé de mener des grèves qui émanaient des soucis gastriques. Ils ont refusé d'organiser des examens et des concours par lesquels ils auraient pu s'offrir un voyage à Hawaï ou entrer dans le paradis fiscal suisse. Seigneur, les chrétiens de Saint Jacques que tu m'a confiés, je suis fier d'eux parce qu'ils ont toujours été des époux et des épouses fidèles. Même quand ils chutent, ils se relèvent toujours. Ceux qui sont célibataires ont toujours observé les lois de l'Evangile et de l'Eglise. Même s'ils leur arrivent de regarder sur le côté, ils redressent immédiatement la tête. Les plus petits ont toujours été obéissants aux parents. Malgré les petits actes d'insubordinations et de petits larcins, ils se confessent régulièrement, au moins une fois par mois. En plus, par les enseignements de ton Evangile et de l'Eglise, ils ont refusé d'être des membres actifs de la Rose-croix, de la Franc-maçonnerie ou même des experts consultants en Maraboutage ou tout autre pratique occulte. Seigneur, à cause de ces chrétiens que tu m'as confiés et qui font ta fierté, je te demande de m'ouvrir les portes de ton paradis pour que je puisse reposer en paix. Merci Seigneur de veiller à la conversion des cœurs. Oui nous avons tous besoins de nous convertir pour pouvoir dire, à la suite du Christ : ''Nous sommes des serviteurs inutiles : nous n'avons fait que notre devoir''.



17/10/2007
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