mercredi 05 mai 2010
Benoîte Rencurel, guide spirituel à l'école de ND du Laus (II)
On le sait, Benoîte a le don de saisir l'intime des âmes. Elle est
appelée à guider les pécheurs. (?) S'adresser aux pèlerins pour leur
révéler ce qui se joue dans leur vie, au plus profond de leur
existence, n'est pas chose facile pour elle ; et Marie doit pousser la
voyante dans cette mission au service des pélerins. « Ce n'est pas sans
peine qu'elle découvre à son prochain les fautes qu'il a commises,
croyant que c'est une chose indigne à une pécheresse de se mêler de
faire la correction à moindres pécheurs. Elle fait beaucoup de prières
afin qu'ils se laissent toucher aux inspirations et qu'elle ne soit pas
obligée de leur en parler. Quand la chose est faite, elle en est
affligée comme d'un grand péché, en fait la matière de ses confessions
et pratique quelque mortification pour expier cette effronterie. »
La voyante nous explique l'attitude qui l'habite : « la Mère
de Dieu me le commande d'un air si doux que je ne crois pas qu'elle le
veuille absolument, et quand j'ai failli, cette Bonne Mère me reprenant
sans se fâcher fait, avec la honte que j'ai de prévenir les personnes,
que j'attends bien souvent un second commandement, et puis j'obéis. »
Cette difficulté qu'elle a de révéler ou de rappeler aux
pécheurs leurs fautes est à mon avis une des clés de son succès auprès
d'eux. Elle ne vient pas vers autrui de manière arrogante. Elle ne
vient pas pour donner des leçons. Elle ne vient pas pour juger. Elle ne
vient pas désigner les torts pour se soulager. Au contraire. Elle
s'approche en étant foncièrement convaincue qu'elle est une bien plus
grande pécheresse. L'autre, alors, non seulement se sent rejoint dans
sa misère, mais il voit s'ouvrir l'espérance d'être enfin réconcilié
avec lui-même, avec les autres et avec Dieu. Il est prêt à faire
l'expérience de la miséricorde.
Jean Michel di Falco Léandri,
Benoîte Rencurel, la visionnaire du Laus, Parole et Silence, 2008