vendredi 30 mai 2008
Je suis venue de par Dieu et de par la Vierge Marie
- "Savez-vous être en la grâce de Dieu ?" demande-t-on à Jeanne au cours de son procès.
- "C'est grande chose, répliqua-t-elle, de répondre à telle demande!"
- "Oui, c'est grande chose, dit un des assesseurs, le théologien Fabri ; l'accusée n'est pas tenue de répondre."
- "Vous feriez mieux de vous taire !" cria alors Cauchon avec colère à Fabri.
- "Savez-vous être en la grâce ?" répéta l'interrogateur.
- "Si je n'y suis, Dieu m'y mette ! Et si j'y suis, Dieu m'y garde!"
Ils restèrent tous muets et baissèrent la tête. Mais on continua à l'interroger :
- "Dites-nous si vous vous en rapportez à la détermination de l'Eglise ? "
- "Je m'en rapporte à Notre-Seigneur qui m'a envoyée, à Notre-Dame et à
tous les benoîts saints et saintes de Paradis. Et m'est avis que c'est
tout un de Notre-Seigneur et de l'Eglise, et qu'on n'en doit point
faire de difficulté. Pourquoi fait-on difficulté que ce soit tout un ?"
- "Il y a l'Eglise triomphante, où sont Dieu, les saints, les anges et
les âmes sauvées. L'Eglise militante, c'est notre Saint-père le pape,
vicaire de Dieu en terre, les cardinaux, les prélats de l'Eglise et le
clergé, et tous bons chrétiens et catholiques. Laquelle Eglise bien
assemblée ne peut errer et est gouvernée du Saint-Esprit. Voulez-vous
vous en rapporter à l'Eglise militante, à savoir celle qui est ainsi
déclarée ?"
- "Je suis venue au roi de France de par Dieu, de par la Vierge Marie
et de tous les benoîts saints et saintes de paradis, et l'Eglise
victorieuse de là-haut, et de leur commandement. Et à cette Eglise-là
je soumets tous mes bons faits, et tout ce que j'ai fait ou à faire. "
- "Savez-vous si sainte-Catherine et sainte-Marguerite haïssent les Anglais ? "
- "Elles aiment ce que Notre-Seigneur aime et haïssent ce que Dieu hait. "
- "Dieu hait-il les Anglais ? "
- "De l'amour ou haine que Dieu a pour les Anglais, ou de ce que Dieu
fera à leurs âmes, je ne sais rien. Mais je sais qu'ils seront boutés
hors de France, excepté ceux qui y mourront ; Et que Dieu enverra
victoire aux Français, et contre les Anglais. "
Jeanne d'Arc
Procès (Tome I, p. 65; ibid. Tome III, p. 153,163,175, p. 162,166,174-176)
Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.