samedi 22 mai 2010
Pentecôte 1883, le sourire de Marie (III)
Un dimanche, pendant la neuvaine (Le dimanche de Pentecôte 1883), Marie
sortit dans le jardin, me laissant avec Léonie qui lisait près de la
fenêtre. Au bout de quelques minutes, je me mis à appeler presque tout
bas : « Marie ! Marie! » Léonie étant habituée à m'entendre toujours
gémir ainsi n'y fit pas attention ; alors je criai bien haut et Marie
revint à moi. Je la vis parfaitement entrer ; mais hélas ! pour la
première fois, je ne la reconnus pas. Je cherchais tout autour de moi,
je plongeais dans le jardin un regard anxieux, et je recommençais à
appeler : « Marie ! Marie ! »
C'était une souffrance indicible que cette lutte forcée,
inexplicable, et Marie souffrait peut-être plus encore que sa pauvre
Thérèse! Enfin, après de vains efforts pour se faire reconnaître, elle
se tourna vers Léonie, lui dit un mot tout bas, et disparut pâle et
tremblante.
Ma petite Léonie me porta bientôt près de la fenêtre ; alors
je vis dans le jardin, sans la reconnaître encore, Marie, qui marchait
doucement, me tendant les bras, me souriant, et m'appelant de sa voix
la plus tendre : « Thérèse, ma petite Thérèse ! » Cette dernière
tentative n'ayant pas réussi davantage, ma soeur chérie s'agenouilla en
pleurant au pied de mon lit, et, se tournant vers la Vierge bénie, elle
l'implora avec la ferveur d'une mère qui demande, qui veut la vie de
son enfant. Léonie et Céline l'imitèrent, et ce fut un cri de foi qui
força la porte du ciel.
Ne trouvant aucun secours sur la terre et près de mourir de
douleur, je m'étais aussi tournée vers ma Mère du ciel, la priant de
tout mon coeur d'avoir enfin pitié de moi.
Tout à coup la statue s'anima ! la Vierge Marie devint belle,
si belle, que jamais je ne trouverai d'expression pour rendre cette
beauté divine. Son visage respirait une douceur, une bonté, une
tendresse ineffable; mais, ce qui me pénétra jusqu'au fond de l'âme, ce
fut son ravissant sourire! Alors toutes mes peines s'évanouirent, deux
grosses larmes jaillirent de mes paupières et coulèrent
silencieusement...
Ah ! c'étaient des larmes d'une joie céleste et sans mélange !
La sainte Vierge s'est avancée vers moi! elle m'a souri... que je suis
heureuse! pensai-je; mais je ne le dirai à personne, car mon bonheur
disparaîtrait. Puis, sans aucun effort, je baissai les yeux, et je
reconnus ma chère Marie! elle me regardait avec amour, semblait très
émue, et paraissait se douter de la grande faveur que je venais de
recevoir.
Ah ! c'était bien à elle, à sa prière touchante, que je devais
cette grâce inexprimable du sourire de la sainte Vierge ! En voyant mon
regard fixé sur la statue, elle s'était dit : « Thérèse est guérie ! »
Oui, la petite fleur allait renaître à la vie, un rayon lumineux de son
doux soleil l'avait réchauffée et délivrée pour toujours de son cruel
ennemi ! « Le sombre hiver venait de finir, les pluies avaient cessé
(1) », et la fleur de la Vierge Marie se fortifia de telle sorte que,
cinq ans après, elle s'épanouissait sur la montagne fertile du Carmel.
Sainte Thérèse de Lisieux, Histoire d'une âme, chap III
www.mariedenazareth.com/14305.0.html?&L=0
Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.