samedi 14 juin 2008
Les 3 ducats - extrait des « Contes de la Vierge » (II)
Le Roi ouvrit son escarcelle et en sortit huit cents ducats. Quant à la
Reine, elle eut beau fouiller son aumônière, elle n'y trouva que
cinquante ducats.
- Messieurs, dit-elle, n'est-ce pas assez pour ce pauvre homme de huit cent cinquante ducats ?
- La loi exige mille ducats, répondirent les magistrats inflexibles.
Alors, tous les seigneurs qui composaient la suite du Roi et de la
Reine, rassemblèrent ce qu'ils avaient sur eux pour le donner à leur
tour, et l'on fit le compte de la somme.
- Neuf cent quatre-vingt-dix-sept ducats, annoncèrent les Consuls. Il s'en faut encore de trois ducats.
- Pour trois ducats cet homme sera-t-il donc pendu ! s'écria la Reine indignée.
- Ce n'est point nous qui l'exigeons, répondirent les Consuls, mais nul ne peut changer la loi.
Et ils firent un signe au bourreau.
- Arrêtez ! s'écria la Reine. Fouillez d'abord ce malheureux. Peut-être a-t-il sur lui trois ducats...
Le bourreau obéit, fouilla le condamné, ... et dans la poche du pauvre diable il découvrit ... trois pièces d'or !
Bonnes gens ! L'homme que vous avez vu, dans ce conte, en grand danger
d'être pendu, c'est vous, c'est moi, c'est l'humanité pécheresse ! Au
jour du Jugement dernier, rien ne nous sauvera, ni la miséricorde de
Dieu, ni l'intercession de la Vierge, ni les mérites des Saints, si
nous n'avons sur nous ... trois ducats de bonne volonté !
Je vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.