mardi 27 janvier 2009
Marie, fille de David et d'Aaron ? (III)
Comment comprendre le silence des deux évangélistes au sujet de
l'ascendance davidique de la Mère de Jésus ? Ne doit-on pas envisager
que Marie est aussi, au moins en partie, de la tribu de Lévi, voire
elle-même fille d'Aaron ?
C'est comme cela que la liturgie copte ou plusieurs mystiques,
comme Maria Valtorta, voient la Mère de Dieu : « héritière de Joachim
de David et d'Anne d'Aaron » (L'Evangile tel qu'il m'a été révélé tome
1 n°20). En ce cas, Jésus lui-même serait d'ascendance royale et
sacerdotale par sa mère. Il unirait en sa personne les deux lignes de
l'attente messianique : royale et sacerdotale.
Il est bien Roi et Prêtre tout à la fois. Cette double ascendance
rejoint une tradition juive, représentée par les esséniens notamment,
qui attendait autrefois non pas un mais bien deux messies : le Messie
royal devait venir d'abord comme un descendant de David et un chef de
guerre eschatologique assurant la paix pour Israël en terrassant les
ennemis de Dieu ; puis ce Messie Royal s'effacerait une fois sa mission
de pacification accomplie, laissant la place au Messie sacerdotal, fils
d'Aaron revêtu ultimement de la primauté.
Certains écrits juifs pour fondre ces deux lignées messianiques
affirment que l'unique Messie sera à la fois Roi et Prêtre, à la fois
de la tribu de Juda et de celle de Lévi. Ce qui serait « charnellement
» le cas de Jésus si l'on considère l'hypothèse de la double ascendance
davidique et lévitique pour Marie.
Dans ce cas, pourquoi ne pas le dire ? Mais le silence des deux
évangélistes au sujet de l'ascendance de la Vierge a peut-être une
signification plus spirituelle. Saint Luc, qui se plait toujours à
souligner l'enracinement judaïque des personnages (Elisabeth fille
d'Aaron, Joseph, fils de David, Anne fille de Phanuel de la tribu
d'Aser?) ne nous dit volontairement rien au sujet de la Vierge. Ne
veut-il pas ainsi sous-entendre que Marie n'est d'aucune tribu en
particulier parce qu'elle est au-delà de toutes, la Mère de tous les
vivants ?
Il serait bien normal que la Mère de tous ne soit ni de la maison de
David, ni de la maison de Lévi, parce qu'elle est tout simplement « de
la maison de Dieu » (cf. Eph 2,19) : elle ne doit pas recevoir de
bénédiction particulière comme chacune des 12 tribus (cf. Genèse 49),
parce qu'elle est « bénie entre toutes les femmes » et parce qu'en son
"fiat", elle représente non une tribu, mais l'humanité toute entière.
Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.