mardi 15 février 2011
Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Jn 6, 68
Le mardi de la 6e
semaine du temps ordinaire
Saint(s) du jour : St
Claude La Colombière, prêtre (1641-1682), Saints
Faustin et Jovite, martyrs près de Brescia (+ c.121)
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Saint Jean de la Croix :
«
Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? »
Livre de la Genèse
6,5-8.7,1-5.10.
Le Seigneur vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre, et que
toutes les pensées de son coeur se portaient uniquement vers le mal à longueur
de journée.
Le Seigneur regretta d'avoir fait l'homme, et de l'avoir mis sur la
terre ; il s'en affligea et il dit :
« Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j'ai créés - et,
avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel - car je
regrette de les avoir faits. »
Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur.
Le Seigneur dit à Noé : « Entre dans l'arche, toi et toute ta
famille, car tu es le seul juste que je vois dans cette génération.
De tous les animaux purs, tu prendras sept couples de chaque espèce ; des
animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple de chaque espèce ;
et des oiseaux du ciel, sept couples de chaque espèce pour en perpétuer la
race sur toute la terre.
Car il ne reste plus que sept jours, et je vais faire tomber la pluie sur la
terre, pendant quarante jours et quarante nuits, pour effacer de la surface du
sol tous les êtres que j'ai faits. »
Noé fit tout ce que le Seigneur lui avait commandé.
Sept jours plus tard, les eaux du déluge étaient sur la terre.
Psaume 29(28),1-2.3-4.9-10.
Rendez au Seigneur, vous, les dieux, rendez au Seigneur gloire et puissance.
Rendez au Seigneur la gloire de son nom, adorez le Seigneur, éblouissant de
sainteté.
La voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le
tonnerre, le Seigneur domine la masse des eaux.
Voix du Seigneur dans sa force, voix du Seigneur qui éblouit,
Voix du Seigneur qui affole les biches en travail, qui ravage les forêts. Et
tous dans son temple s'écrient : « Gloire ! »
Au déluge le Seigneur a siégé ; il siège, le Seigneur, il est roi pour
toujours !
Évangile de
Jésus-Christ selon saint Marc 8,14-21.
Les disciples avaient oublié de prendre du pain, et ils n'avaient qu'un seul
pain avec eux dans la barque.
Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez
garde au levain des pharisiens et à celui d'Hérode ! »
Ils discutaient entre eux sur ce manque de pain.
Il s'en aperçoit et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce
manque de pain ? Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas
encore ? Vous avez le cœur aveuglé ?
Vous avez des yeux et vous ne regardez pas, vous avez des oreilles et vous
n'écoutez pas ? Vous ne vous rappelez pas ?
Quand j'ai rompu les cinq pains pour cinq mille hommes, combien avez-vous
ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent :
« Douze.
- Et quand j'en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de
corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent :
« Sept. »
Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour :
Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l'Église
La Montée du Carmel, II, 3 (trad. OC, Cerf 1990, p. 637 rev.)
La foi, disent les théologiens, est une habitude de l'âme, certaine et
obscure à la fois. Elle est obscure parce qu'elle nous propose des vérités
révélées de Dieu même, qui surpassent toute lumière naturelle, qui
excèdent...toute compréhension humaine quelle qu'elle soit. De là vient que
cette lumière excessive fournie par la foi devient pour l'âme de profondes
ténèbres. Une force supérieure, on le sait, surmonte et fait défaillir une
force moindre. Ainsi le soleil éclipse toutes les autres lumières, au point
que lorsque celui-là resplendit, celles-ci ne semblent plus, à proprement
parler, des lumières. En outre, son éclat dépasse totalement notre puissance
visuelle quand il est dans sa force, en sorte qu'au lieu de la faire voir, il
l'aveugle, parce qu'il est excessif et hors de proportion avec notre vue. De
même la lumière de la foi, par son excès prodigieux, accable et fait défaillir
la lumière de notre intelligence...
Je prends un autre exemple...: supposez une personne née aveugle, et qui
par conséquent n'a jamais vu les couleurs. Si vous cherchez à lui faire
comprendre ce que c'est que le blanc et le jaune, vous aurez beau accumuler
les explications, elle n'en retirera aucune connaissance directe, parce
qu'elle n'a jamais vu ces couleurs...; il ne lui en restera dans l'esprit que
le nom, qu'elle a reçu par l'ouïe... Il en est de même de la foi à l'égard de
l'âme. Elle nous dit des choses que nous n'avons jamais vues ni connues...;
nous n'avons à leur égard aucun rayon de connaissance naturelle... Mais nous
les savons par l'ouïe, en croyant ce qui nous est enseigné..., en aveuglant en
nous la lumière naturelle. En effet, comme dit saint Paul : « La foi naît de
ce qu'on entend » (Rm 10,17). Comme s'il disait : La foi n'est pas une science
qui entre en nous par les sens, c'est un assentiment de l'âme à ce qui entre
par l'ouïe... Il est donc évident que la foi est pour l'âme une nuit profonde
; mais c'est par son obscurité même qu'elle l'éclaire et plus elle la plonge
dans les ténèbres, plus elle l'illumine de ses rayons. En effet, c'est en
aveuglant qu'elle éclaire, selon la parole d'Isaïe : « Si vous ne croyez pas,
vous ne comprendrez pas » (cf 7,9).