mardi 08 juin 2010
Notre-Dame du Dimanche (II)
La Vierge disparut, Auguste courut raconter l'évènement à son père et,
ensemble, ils allèrent trouver le curé du village. Celui-ci écouta le
récit mais n'y accorda pas foi. Il lui semblait impossible que la
Vierge apparaisse à un homme qui profane le jour du Seigneur en
enfreignant le précepte dominical.
Le lundi matin, ils allèrent trouver le menuisier et lui
commandèrent une croix provisoire, en bois, qu'ils planteraient dans
leur vigne, en attendant qu'un forgeron, qu'ils avaient été voir à
Montpellier, en confectionne une belle en fer forgé, or et argent, avec
une image de Notre-Dame au milieu, conformément aux instructions
d'En-Haut ; cet achat mangea d'un coup toutes les économies d'Auguste.
Le soir même, la croix provisoire était plantée sur leur lopin. Au
grand dam du curé qui refusa séchement de venir la bénir.
Pas plus échaudés que cela, les Arnaud, en famille et
accompagnés de quelques proches, mis au courant de l'aventure
d'Auguste, se rendirent le jeudi 12 juin à Saint-Antoine. Tant pis si
cela leur faisait perdre une journée de travail ! Décidément quelque
chose avait changé chez eux...
Le dimanche 22 juin, toute la famille se rendit à Notre-Dame
de grâce à Gignac, y entendit la messe, et chacun constata qu'Auguste
passa la matinée en prière dans l'église. Le 4 juillet, et toujours
sans le curé, la belle croix or et argent livrée, les Arnaud
l'installèrent dans leur vigne avec toutes les marques de respect
possibles.
Évidemment, tout Saint-Bauzille était maintenant au courant
et, loin de se moquer du fils Arnaud, contre toute attente on le
croyait. Et précisément pour les raisons qui le discréditaient auprès
de l'abbé Coste : Auguste n'étant pas un pilier de bénitier, ni un
chrétien exemplaire, et à peine un pratiquant, personne ne le pensait
capable de se monter la tête avec des histoires d'apparition. S'il
avait voulu se moquer du monde, il n'eût point réformé sa vie ni mangé
ses économies comme il venait de le faire pour acheter une croix de
ferronnerie.
On attendait le 8 juillet, date annoncée d'une seconde apparition, avec
un intérêt et une impatience croissante, ce qui n'était pas sans
inquiéter Mme Arnauld, très effrayée à l'idée que la Sainte Vierge ne
revint pas, et discréditât sans retour son mari. Auguste, quand sa
femme l'entretenait de ses craintes, souriait et répondait :
- J'ai fait tout ce qu'Elle m'a demandé, donc Elle reviendra.
Anne Bernet, Notre Dame en France, Editions de Paris 2010
Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.