lundi 22 mars 2010
Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Jn 6, 68
Le lundi de la 5e
semaine de Carême
Saint(s) du jour : Ste
Léa, veuve (+ 384)
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Saint Augustin :
La
lumière du monde
Livre de Daniel
13,1-9.15-17.19-30.33-62.
Il y avait un habitant de Babylone qui se nommait Yoakim.
Il avait épousé une femme nommée Suzanne, fille d'Helkias. Elle était très
belle et respectait le Seigneur.
Ses parents étaient des justes, et ils avaient élevé leur fille dans la loi de
Moïse.
Yoakim était très riche, et il possédait un parc auprès de sa maison ; les
Juifs affluaient chez lui, car il était le plus illustre d'entre eux.
Deux anciens avaient été désignés dans le peuple pour être juges cette
année-là ; ils étaient de ceux dont le Seigneur a dit : Le crime est venu de
Babylone par des anciens, par des juges qui prétendaient guider le peuple.
Ils fréquentaient la maison de Yoakim, et tous ceux qui avaient des procès
venaient les trouver.
Lorsque le peuple s'était retiré, vers midi, Suzanne entrait dans le parc de
son mari, et s'y promenait.
Les deux anciens la voyaient chaque jour entrer et se promener, et ils se
mirent à la désirer :
ils faussèrent leur jugement, ils détournèrent leurs yeux pour ne plus
regarder vers le ciel et ne plus se rappeler ses justes décrets.
Ils guettaient le jour favorable, lorsque Suzanne entra dans le jardin, comme
la veille et l'avant-veille, accompagnée seulement de deux jeunes filles ; il
faisait très chaud, et elle eut envie de prendre un bain dans le parc.
Il n'y avait personne, en dehors des deux anciens qui s'étaient cachés et qui
l'épiaient.
Suzanne dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de quoi me parfumer et me
laver, puis fermez les portes du parc, pour que je puisse prendre mon bain. »
Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux anciens surgirent,
coururent vers Suzanne et lui dirent :
« Les portes du parc sont fermées, on ne nous voit pas ; nous te désirons,
sois consentante et viens avec nous.
Autrement nous porterons contre toi ce témoignage : il y avait un jeune homme
avec toi, et c'est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. »
Suzanne dit en gémissant : « De tous côtés, je suis prise au piège : si je
vous cède, c'est la mort pour moi ; et si je refuse de céder, je n'échapperai
pas à vos mains.
Mais je préfère tomber entre vos mains sans vous céder, plutôt que de pécher
aux yeux du Seigneur. »
Alors Suzanne poussa un grand cri, et les deux anciens se mirent à crier
contre elle.
L'un d'eux courut ouvrir les portes du parc.
Les gens de la maison, entendant crier dans le parc, se précipitèrent par la
porte de service pour voir ce qui arrivait à Suzanne.
Quand les anciens eurent raconté leur histoire, les serviteurs furent remplis
de honte, car jamais on n'avait dit pareille chose de Suzanne.
Le lendemain, le peuple se rassembla chez Yoakim son mari. Les deux anciens
arrivèrent, remplis de pensées criminelles contre Suzanne, et décidés à la
faire mourir.
Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher Suzanne, fille d'Helkias,
épouse de Yoakim. » On l'appela aussitôt.
Elle se présenta avec ses parents, ses enfants et tous ses proches.
Tous les siens pleuraient, ainsi que tous ceux qui la voyaient.
Les deux anciens se levèrent au milieu du peuple, et posèrent les mains sur sa
tête.
Tout en pleurs, elle leva les yeux vers le ciel, car son coeur était plein de
confiance dans le Seigneur.
Les anciens déclarèrent : « Comme nous nous promenions seuls dans le parc,
cette femme y est entrée avec deux servantes. Elle a fermé les portes et
renvoyé les servantes.
Alors un jeune homme qui était caché est venu vers elle, et a péché avec elle.
Nous étions dans un angle du parc, nous avons vu le crime, et nous avons couru
vers eux.
Nous avons vu qu'ils étaient ensemble, mais nous n'avons pas pu nous emparer
du jeune homme, car il était plus fort que nous : il a ouvert la porte et il
s'est échappé.
Mais elle, nous l'avons appréhendée, et nous lui avons demandé qui était ce
jeune homme ;
elle n'a pas voulu nous le dire. De tout cela, nous sommes témoins. »
L'assemblée les crut, car c'étaient des anciens du peuple et des juges, et
Suzanne fut condamnée à mort.
Alors elle cria d'une voix forte : « Dieu éternel, toi qui pénètres les
secrets, toi qui connais toutes choses avant qu'elles n'arrivent,
tu sais qu'ils ont porté contre moi un faux témoignage. Voici que je vais
mourir, sans avoir rien fait de tout ce que leur méchanceté a imaginé contre
moi. »
Le Seigneur entendit sa voix.
Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l'esprit de sainteté chez un
tout jeune garçon nommé Daniel,
qui se mit à crier d'une voix forte : « Je suis innocent de la mort de cette
femme ! »
Tout le peuple se tourna vers lui et on lui demanda : « Que signifie cette
parole que tu as prononcée ? »
Alors, debout au milieu du peuple, il leur dit : « Vous êtes donc fous, fils
d'Israël ? Sans interrogatoire, sans recherche de la vérité, vous avez
condamné une fille d'Israël.
Revenez au tribunal, car ces gens-là ont porté contre elle un faux témoignage.
»
Tout le peuple revint donc en hâte, et le collège des anciens dit à Daniel : «
Viens siéger au milieu de nous et donne-nous des explications, car Dieu a déjà
fait de toi un Ancien. »
Et Daniel leur dit : « Séparez-les l'un de l'autre, je vais les interroger. »
Quand on les eut séparés, Daniel appela le premier et lui dit : « Toi qui as
vieilli dans le mal, tu portes maintenant le poids des péchés que tu as commis
autrefois en jugeant injustement :
tu condamnais les innocents et tu acquittais les coupables, alors que le
Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l'innocent et le juste.
Eh bien ! si réellement tu as vu cette femme, dis-nous sous quel arbre tu les
as vus se donner l'un à l'autre ? » Il répondit : « Sous un sycomore. »
Daniel dit : « Voilà justement un mensonge qui te condamne : l'ange de Dieu a
reçu un ordre de Dieu, et il va te mettre à mort.
Daniel le renvoya, fit amener l'autre et lui dit : « Tu es de la race de
Canaan et non de Juda ! La beauté t'a dévoyé et le désir a perverti ton coeur.
C'est ainsi que vous traitiez les filles d'Israël, et, par crainte, elles se
donnaient à vous. Mais une fille de Juda n'a pu consentir à votre crime.
Dis-moi donc sous quel arbre tu les as vus se donner l'un à l'autre ? » Il
répondit : « Sous un châtaignier. »
Daniel lui dit : « Toi aussi, voilà justement un mensonge qui te condamne :
l'ange de Dieu attend, l'épée à la main, pour te châtier, et vous faire
exterminer. »
Alors toute l'assemblée poussa une grande clameur et bénit Dieu qui sauve ceux
qui espèrent en lui.
Puis elle se retourna contre les deux anciens que Daniel avait convaincus de
faux témoignage par leur propre bouche. Conformément à la loi de Moïse, on
leur fit subir la peine que leur méchanceté avait imaginée contre leur
prochain :
on les mit à mort. Et ce jour-là, une vie innocente fut épargnée.
Psaume 23(22),1-6.
Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux
tranquilles
et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son
nom.
Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec
moi : ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma
tête, ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la
maison du Seigneur pour la durée de mes jours.
Evangile de
Jésus-Christ selon saint Jean 8,12-20.
Jésus disait aux Juifs : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit
ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »
Les pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même, ce
n'est donc pas un vrai témoignage. »
Jésus leur répondit : « Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et
pourtant c'est un vrai témoignage, car je sais d'où je suis venu, et où je
m'en vais ; mais vous, vous ne savez ni d'où je viens, ni où je m'en vais.
Vous, vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne.
Et, s'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas
seul : j'ai avec moi le Père, qui m'a envoyé.
Or, il est écrit dans votre Loi que, s'il y a deux témoins, c'est un vrai
témoignage.
Moi, je me rends témoignage à moi-même, et le Père, qui m'a envoyé, témoigne
aussi pour moi. »
Les pharisiens lui disaient : « Où est-il, ton père ? » Jésus répondit : «
Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous
connaîtriez aussi mon Père. »
Il prononça ces paroles alors qu'il enseignait au Temple, du côté du Trésor.
Et personne ne l'arrêta, parce que son heure n'était pas encore venue.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour :
Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de
l'Église
Sermons sur l'évangile de Jean, n°34 (trad. Véricel, l'Évangile commenté, p.
223)
Les paroles du Seigneur : « Je suis la lumière du monde » sont claires,
à mon avis, pour ceux qui ont que les yeux qui les font avoir part à cette
lumière ; mais ceux qui n'ont que les yeux du corps s'étonnent d'entendre dire
à notre Seigneur Jésus Christ : « Je suis la lumière du monde. » Peut-être
même y en a-t-il qui se disent : Est-ce que le Christ ne serait pas ce soleil
qui, par son lever et son coucher, détermine le jour ?... Non, le Christ n'est
pas cela. Le Seigneur n'est pas le soleil qui a été fait, mais celui par qui
le soleil a été fait. « Car tout a été fait par lui et rien de ce qui a été
fait n'a été fait sans lui. » (Jn 1,3) Il est donc la lumière qui a créé cette
lumière que nous voyons. Aimons cette lumière, comprenons-la, désirons-la,
pour arriver un jour jusqu'à elle, conduits par elle, et pour vivre en elle de
manière à ne jamais mourir...
Vous voyez donc, mes frères,
vous voyez, si vous avez des yeux qui voient les choses de l'âme, quelle est
cette lumière dont le Seigneur déclare : « Qui me suit ne marche pas dans les
ténèbres. » Suis ce soleil, et voyons si tu ne marcheras pas dans les
ténèbres. Voici qu'il se lève et vient vers toi ; en suivant sa route, il se
dirige vers l'occident ; mais toi, tu dois marcher vers le soleil levant
qu'est le Christ.