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L'historicité de l'Evangile de l'enfance selon Saint Luc (II)
L'examen attentif des Évangiles de l'enfance manifeste leur souci d'une
référence exacte aux faits et évènements. J'ai détaillé ces indices
dans les Évangiles de l'enfance. En voici quelques-uns :
Luc a écrit le récit de la Visitation en reprenant, pas à pas,
des thèmes et termes du transfert de l'Arche d'Alliance selon 2 S 6.
Invente-t-il donc ce récit selon ce modèle symbolique ? On a un indice
du contraire : « l'arche demeura 3 mois dans la maison d'Obededom »,
disait le récit-modèle (2 S 6, 11). Luc reprend cette phrase et ce
chiffre en 1, 56 pour évaluer le temps que Marie passa dans la maison
de Zacharie. Mais il ajoute le mot « environ » qui n'appartient pas au
texte source. Cette nuance manifeste le souci de ne pas forcer le
rapprochement.
Il ne fait pas de Marie une descendante de David, ce qui
l'aurait bien arrangé pour étoffer les attaches davidiques du Christ. A
partir du IIe siècle, les écrivains chrétiens, animé du même zèle
généalogique, n'auront pas la même retenue. Ils feront de Marie une
descendante de David, non par information, mais par logique et
convenance. Luc est plus rigoureux. Il ne précise pas l'ascendance de
Marie. Il lui eut pourtant été facile de l'affirmer avec celle de
Joseph (1, 27) : « Tous deux », aurait-il pu dire, comme il dit 2 fois
pour le couple Zacharie-Elisabeth. A la différence de cette dernière
(1, 5) et de la prophétesse Anne (2, 36), Marie est la seule femme dont
il ne précise pas la lignée.
Pour que le Christ cumule les traits des 2 Messies de Qumran :
« Messie royal issu de David et Messie sacerdotal issu d'Aaron », Luc
manifeste les attaches sacerdotales de Jésus : Elisabeth était «
descendante d'Aaron (1, 5), et Marie, sa parente » (1, 36), dit-il.
Mais il laisse ce lien dans le vague, et ne dit point Marie descendante
d'Aaron.
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