L'Evangile de l'Enfance selon Saint Matthieu (V)
« Marie, Mère (du Christ), étant accordée en mariage à Joseph, avant
qu'ils aient habité ensemble, elle fut trouvée ayant en son ventre
(Celui qui venait) de l'Esprit Saint » (Mt 1,18).
La donnée du problème, ce n'est pas le fait que Marie est
enceinte, mais que l'être mystérieux, trouvé en elle, relève de
l'Esprit Saint, et qu'il est déjà « Jésus Christ », comme l'annonce
solennellement le début du verset de cette deuxième péricope :
« Genèse de Jésus Christ : Marie, sa mère, étant accordé en mariage à Joseph... » (Mt 1, 18).
« Joseph, son homme, étant juste, ne voulant pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement. » (Mt 1, 19)
L'énoncé exclut le soupçon. Si joseph avait douté de Marie, s'il
l'avait crue adultère, la justice l'aurait invité à la dénoncer. Et
s'il s'en était abstenu, le motif eut été la miséricorde, et non la
justice (comme le dit clairement Mt 1, 19). Il aurait donc fallu écrire
: par bonté d'âme ou par indulgence (non par justice), Joseph ne voulut
point la diffamer.
Si c'est par justice que Joseph veut se séparer sans diffamer, c'est à un double titre : 1.Il
ne doit point s'approprier (ni à lui-même, ni à ses ancêtres, ni à
David) cette postérité glorieuse qui vient de l'Esprit Saint (1, 18) et
appartient donc à Dieu seul
2.Il ne doit point s'approprier cette femme sur laquelle Dieu à mis la main et qui est un signe consacré, intouchable.
Mais Dieu modifie ce juste dessein. Joseph reçoit de Dieu même une double mission :
1.« Prendre Marie dans sa maison » conclusion du mariage.
2.Devenir le père adoptif de cet enfant sans père terrestre.
Cela lui revient par élection, précisément comme « fils de David ». Les premiers mots du message le soulignent :
« Joseph, FILS DE DAVID, ne crains point de prendre chez toi Marie, ta femme (...)
L'adoption (tout comme le lévirat) fondait une authentique
paternité (...).
Selon Matthieu, c'est l'adoption de Jésus par Joseph qui accomplit la
promesse faite à David. Quant à la rupture biologique, elle traduit une
autre face de l'histoire du Salut.
La génération se présente comme un signe qui fait venir le fils de Dieu
parmi les hommes. Matthieu dit plutôt : qui fait venir « Dieu avec nous
» (1, 23). Ce signe le manifeste comme Sauveur, ce que signifie
précisément le nom de Jésus (Mt 1, 21) : ce nom messianique a une
valeur transcendantale, car Sauveur est ordinairement dans la Bible, un
nom propre de Dieu !
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René Laurentin
Les évangiles de Noël, Desclée, 1999 Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen. |