jeudi 17 juin 2010
Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Jn 6, 68
Le jeudi de la 11e
semaine du Temps Ordinaire
Saint(s) du jour : St
Hervé (4ème s.)
Voir le commentaire ci-dessous, ou cliquer ici
Cardinal Joseph Ratzinger
[Pape Benoît XVI]:
«
Vous donc, priez ainsi : ' Notre Père...' »
Livre de
l'Ecclésiastique 48,1-15.
Le prophète Élie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche.
Il fit venir la famine sur les hommes d'Israël, et, dans son ardeur, en fit
périr un grand nombre.
Par la parole du Seigneur, il ferma le ciel, et à trois reprises il en fit
descendre le feu.
Comme tu étais redoutable, Élie, dans tes prodiges ! Qui pourrait se glorifier
d'être ton égal ?
Toi qui as fait revenir un homme de la mort par la parole du Très-Haut ;
toi qui as précipité des rois dans leur perte, et jeté à bas de leur couche
des hommes pleins de gloire ;
toi qui as entendu au Sinaï des reproches, au mont Horeb des décrets de
châtiment ;
toi qui as sacré des rois pour exercer la vengeance, et des prophètes pour
prendre ta succession ;
toi qui fus emporté dans un tourbillon de feu par un char aux coursiers de feu
;
toi qui fus préparé pour la fin des temps, ainsi qu'il est écrit, afin
d'apaiser la colère avant qu'elle n'éclate, afin de ramener le coeur des pères
vers les fils et de rétablir les tribus de Jacob,
heureux ceux qui te verront, heureux ceux qui se sont endormis dans l'amour du
Seigneur, car nous aussi nous posséderons la vraie vie.
Quand Élie fut enveloppé dans le tourbillon, Élisée fut rempli de son esprit,
et pendant toute sa vie aucun chef ne l'a intimidé, personne n'a pu le faire
fléchir.
Aucun événement n'a pu l'abattre, et, jusque dans la tombe, son corps
manifesta son pouvoir de prophète.
Pendant sa vie, il a fait des prodiges ; après sa mort, des oeuvres
merveilleuses.
Psaume 97(96),1-2.3-4.5-6.7.
Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre !
Ténèbre et nuée l'entourent, justice et droit sont l'appui de son trône.
Devant lui s'avance un feu qui consume alentour ses ennemis.
Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s'affola ;
les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de
toute la terre.
Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.
Honte aux serviteurs d'idoles qui se vantent de vanités ! A genoux devant lui,
tous les dieux !
Evangile de
Jésus-Christ selon saint Matthieu 6,7-15.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il
leur disait: "Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens: ils
s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant
même que vous l'ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit
sanctifié.
Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui
nous devaient.
Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous
pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne
pardonnera pas vos fautes.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour :
Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Der Gott Jesu Christi (trad. Le Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977, p.29)
Sans Jésus nous ne savons pas ce qu'un « Père » est vraiment. C'est dans
sa prière que cela est devenu clair, et cette prière lui appartient
intrinsèquement. Un Jésus qui ne serait pas perpétuellement plongé dans le
Père, ou qui ne serait pas dans une permanente communication intime avec lui,
serait un être totalement différent du Jésus de la Bible et du véritable Jésus
de l'histoire. Sa vie part du noyau de la prière ; c'est à partir d'elle qu'il
a compris Dieu, le monde et les hommes...
Surgit alors une
nouvelle question : cette communication... est-elle également essentielle au
Père qu'il invoque, de telle sorte que lui aussi serait différent s'il n'était
pas invoqué sous ce nom ? Ou bien cela l'effleure-t-il sans pénétrer en lui ?
La réponse est la suivante : il appartient au Père de dire « Fils » comme il
appartient à Jésus de dire « Père ». Sans cette invocation, lui non plus ne
serait pas lui-même. Jésus n'a pas seulement un contact extérieur à lui ; il
est partie prenante de l'être divin de Dieu en tant que Fils. Avant même que
le monde soit créé, Dieu est déjà l'Amour du Père et du Fils. Et s'il peut
devenir notre Père et la mesure de toute paternité, c'est parce qu'il est
lui-même Père de toute éternité. Dans la prière de Jésus donc l'intériorité
même de Dieu devient visible ; nous voyons comment est Dieu. La foi au Dieu
trinitaire n'est rien d'autre que l'explication de ce qui se passe dans la
prière de Jésus. Dans cette prière, la Trinité apparaît dans toute sa
clarté...
Etre chrétien signifie alors : participer à la
prière de Jésus, entrer dans son modèle de vie, c'est-à-dire dans son modèle
de prière. Etre chrétien signifie : dire avec lui « Père » et devenir ainsi
enfant, fils de Dieu, -- Dieu -- dans l'unité de l'Esprit qui nous fait être
nous-mêmes et par là nous agrège à l'unité de Dieu. Etre chrétien signifie :
regarder le monde à partir de ce noyau, et par là devenir libre, plein
d'espoir, décidé et confiant.