jeudi 11 septembre 2008
La Mère de toutes les Mères (II)
Vers minuit, on me réveille et on me commande de sortir. Le
Tchèque m'attend dehors. Il sent la vodka, cependant il n'est pas
saoul. Il me fait signe de le suivre dans la cour de 1'école... « Je
vous ai fait venir, capitaine, pour vous aider et, peut-être, pour
m'aider aussi, un peu moi-même", car l'humain ne doit pas mourir en ce
temps inhumain ! Je sais ce que vous pensez, vous me tenez pour un
chien cynique et vous n'avez pas tout à fait tort. Et cependant !
comment m'exprimer sans paraître faux ou lâche ? ...
Selon le désir de mes parents, je devais me faire prêtre. Aujourd'hui
je suis un bolchevique, un apostat. Lors de mon départ, ma mère me mit
au cou une monnaie bénite représentant la Vierge Marie qui devait selon
ma mère, me porter bonheur. Aujourd'hui en tenant votre médaille dans
mes mains un sentiment de tristesse s'empara de moi; je dus combattre
cette stupide émotion... Je possède encore ce souvenir de ma mère
défunte. Le voici ! » Il tire de sa poche un écu en argent troué, et me
le montre. L'effigie de l'écu représente la Mère de Dieu auréolée comme
Souveraine de Bohême.
Il continue : « Curieux ! Marie m'est toujours restée chère,
je n'ai pas de rancune contre Elle. C'est peut-être parce qu'Elle est
la Mère de toutes les mères. L'amour de nos mères doit nous rester
sacré ! » A ces mots, son visage exprime un sentiment de douleur. Il
ajoute : « Pour l'amour de votre mère et de la mienne, j'ai envie de
faire agir "le fétiche". Lorsque nous continuerons la marche, vous
trouverez bien l'occasion de vous évader. » Puis, il change de ton et
de tenue et regarde autour de lui et ajoute : « Il se peut que je me
trompe... Demain nous reculerons devant les Allemands. En route on
sonnera l'alarme. Il y aura un certain désordre. Vous saurez profiter
de l'occasion, capitaine ! » Je regarde l'homme avec de gros yeux. « Et
mes hommes ? »...
Il me fait signe agacé : « Ça va bien ! Bonne chance et bonne nuit ! »
Indécis, je lui tends la main. Le lendemain, les Russes nous emmènent
dans leur retraite... Nous prenons notre repos dans une grange
abandonnée. Subitement, on rappelle nos gardiens. Belle occasion pour
nous enfuir. Nous prenons la direction du sud et tombons bientôt sur
nos troupes. Le Tchèque a tenu parole.
Témoignage d'un vieil officier de la Grande Guerre
d'après R. Demi - Ein Mutterherz fur allé, pp. 118-121
Rapporté dans le Recueil Marial 1986 du Frère Albert Plfeger, mariste
Je
vous salue, Marie pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous. Vous
êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos
entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous
pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.