Sous COMMISSION LITURGIE St Jacques

Baptême du Seigneur: Vincent De Paul

BAPTEME DU SEIGNEUR

Aujourd'hui, l'Eglise universelle fête le baptême de notre seigneur Jésus-Christ. Et, avec cette célébration, la liturgie nous donne de relever,d'apprécier, de contempler la 3ème manifestation du salut que Dieu nous accorde dans le cycle de noël…

Rappelons les deux précédentes manifestations.

La 1ère manifestation du salut s'est réalisée dans le mystère de l'Incarnation à noël…dans le mystère où Dieu a pris chair de notre chair pour venir nous sauver. Son incarnation est source et signe de salut …

(Dieu avec l'homme, ' Dieu- avec -nous'…cela rassure).     

La 2ème manifestation du salut, elle s'opère dans le mystère de l'Epiphanie… oui dimanche dernier, Dieu réitérait le salut qu'Il accordait ou qu'Il était venu donner à l'humanité …sans distinction.

La 3ème manifestation du salut en ce jour est le don de l'Esprit Saint dans le Jourdain au Christ en vue d'entreprendre, d'entamer sa mission de salut.

Mais question : lui qui vient apporter, donner le salut avait-il besoin d'être baptisé par Jean ? Oui la question a certainement effleuré nos lèvres.

En effet, comment comprendre que lui que  nous n'avons cessé de présenter comme Dieu-dimanche dernier les mages indiquaient que le nouveau-né était Dieu par conséquent doté des prérogatives divines, des privilèges et attributs de Dieu dont la sainteté en premier- avait-il besoin oui lui le saint d'être baptisé par Jean-Baptiste ?

Lui le soleil, la lumière par excellence avait-il besoin d'être éclairé, irradié, illuminé par la lampe ?

Lui la Parole avait-il besoin de la voix ?

Lui le saint avait-il besoin de ce baptême de conversion ?

Oui qui pourrait laver ce corps sacré ?

Paradoxe des paradoxes !

Oui Dieu nous déconcerte toujours ; Dieu bouleverse notre logique. D'ailleurs Jean le baptiste se montre réticent (« safroulai  » dit J.B. Moi baptiser mon  Dieu ? Ça jamais ! Comment le soldat peut-il baptiser son Roi ? Le serviteur son Maître ?)

J.B : c'est l'humilité incarnée. Il sait sa place ; il connaît ses limites, les limites de sa compétence. Il sait son domaine de compétence ; il n'usurpe. Il ne s'arroge pas ce qui n'est pas à lui. Il aurait pu en faire son « gombo ». Aucune prétention de sa part :   « voici venir derrière moi celui qui est plus puissant  que moi… » Il est moins qu'un esclave : « je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. » Quelle classe !  Quel dépouillement ! Quelle noblesse !

Dans notre société qui acclame à tue-tête l'oppression, l'exploitation des petits, la volonté de domination, la puissance de domination, la noblesse d'âme de J.B vient briser ces déviations chimériques qui ne mènent à rien ou qui mènent au néant. J.B nous ramène ou nous indique notre véritable condition, notre véritable place. Il nous place à notre état vrai c'est-à-dire l'état zéro qui est un état de faiblesse, de dénuement, de poussière… « Tu es poussière » et donc marqué, dominé, ridiculisé par le péché.

« Le bien que je veux faire, je ne le fais pas ; le mal que je veux éviter, je le fais. » : c'est la concupiscence. Nous sommes des êtres de péchés, faibles, c'est pourquoi Dieu nous envoie son Fils pour nous montrer comment sortir de cette impasse du péché.  

Le tableau est pratiquement planté pour comprendre les mobiles, les raisons qui amènent Jésus à recevoir ce baptême de Jean. Sa démarche n'est donc pas fortuite,   gratuite mais elle revêt une haute portée, une profonde signification qui pourrait s'ébrécher en trois sens. A la question, pourquoi Jésus qui est Dieu s'est-il fait baptiser par Jean ? Retenons :

-    d'abord le sens de solidarité de Jésus avec les hommes ;

-  ensuite, le sens d'inauguration du règne messianique ;

-  enfin, le sens de  la préfiguration du baptême chrétien.

1-   La solidarité du Christ avec le genre  Humain

Par rapport au premier sens, dans le mystère de l'incarnation Dieu se fait proche de l'homme ; en prenant chair de notre chair Jésus devient l'un de nous (semblable à nous en toute chose à l'exception du péché). L'homme parfait n'avait donc pas besoin de se convertir et donc d'être baptisé par Jean. Mais puisqu'il est le sauveur, il désire être  avec ses frères en humanité qui cherchent le chemin du pardon. Il se soumet alors au même rite qu'eux. Par ce rite, par la conversion, on a accès au salut c'est-à-dire par le changement de cœur, par le nettoyage à grande eau, notre cœur est blanchi pour recevoir les grâces du salut. Jésus vient comme pour attester la démarche proposée par le baptiste.

2- l'inauguration du règne messianique

En lien avec le second sens, retenons  que par  le baptême reçu le Christ inaugure son règne. Jésus reçoit plein pouvoir, Il est oint, Il est consacré, Il est intronisé, Il est investi par Dieu son Père : « celui est mon fils bien-aimé en lui j'ai mis tout mon amour, écoutez-le. » comme si Dieu nous disait : « c'est lui que j'envoie pour vous sauver, écoutez-le. » Et la colombe vient témoigner, attester, corroborer …

Oui, le père officiellement donne mission au fils. Le Christ inaugure aujourd'hui son ministère publique où il annoncera le salut, où ses actions manifesteront le salut : « l'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a consacré d'une onction pour que j'annonce la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé proclamer  aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le retour à la vue. Il m'a envoyé libérer les opprimés et proclamer une année où il sera généreux. ». En Jésus, le Royaume est là. Dieu appelle son fils a commencé sa mission. A ce moment, Jésus reçoit la plénitude de l'Esprit qui consacre le prophète c'est-à-dire celui qui parle au nom de Dieu.

3- la préfiguration du baptême chrétien

Concernant la troisième signification, le baptême de Jésus a valeur exemplaire et prophétique. Le baptême de Jésus annonce ce que le baptême chrétien signifie : le salut de l'homme tout entier. Par le baptême, l'on est mis sur la voie du salut.

Le chrétien est baptisé c'est-à-dire est plongé à la suite du Christ dans l'eau et l'Esprit ; oui, il reçoit l'onction de l'Esprit. « Celui qui croit et se fera baptiser sera sauvé » Le baptême est, à l'évidence, source du salut.

C'est le lieu « hic et nunc » de nous souvenir de notre baptême ou pour certains de se préparer intensément (pour ceux qui sont catéchumènes, et donc en marche vers le baptême.)

Pourquoi le chrétien est-il baptisé ? Sinon pour la mission et donc pas pour s'asseoir sur son baptême, pour rester oisif. Le chrétien reçoit l'Esprit pour la mission : voilà qui est dit.

Qu'avons-nous fait de notre baptême ? Sommes-nous sûrs d'être ressortis des eaux baptismales après y avoir été plongés ?

Sommes-nous certains d'avoir englouti le vieil homme, l'être de péché, les vêtements de Satan dans les eaux du baptême ?

Ou sommes-nous restés coincés, amphibies dans les eaux baptismales, préférant les ténèbres, les œuvres de ténèbres aux œuvres de lumière ? Reconnaissons que nous préférons les œuvres du diable ; nous préférons pactiser avec nos tanoé, nos beugré, nos gofi, nos sacraboutou, nos kapachan, nos samangbé, nos gnankangbalou, nos zinan, nos zangbétô etc.

Or, le Christ a pouvoir sur tous ceux-là.

Aujourd'hui, on ne peut plus faire la différence entre un chrétien et un non chrétien. Ou pire la différence si elle est faite, c'est toujours en défaveur du chrétien dont les paroles et les actes frissent le ridicule et couvrent de honte.

Les chrétiens détiennent la palme d'or dans les consultations occultes ; ils connaissent tous les procédés d'envoûtement…

« Tu es chrétien et puis tu agis comme ça…Et nous alors ? »  Ou encore « tu vas à l'église et tu es comme ça ? Fallait rester à la maison en même temps ! »

La sentence : « ô Pô ! Vous les chrétiens, On se connaît … »

Autant de phrases ironiques qui n'honorent pas et qui attestent que le baptême est devenu un épiphénomène, un jeu, une simple mode de génération. On baptise par containers et après ?

On baptise dans l'Eglise catholique pour les autres communautés. A-t-on vraiment compris le sens de notre baptême ? Pas si sûr quand on voit le nombre de transhumances se multiplier. On se fait baptiser et après ? On se fait baptiser parce que cela fait bien.

« J'ai eu mon baptême maintenant… » Entend-t-on dire béatement comme si le baptême était un diplôme.

On se fait baptiser pour avoir une couverture sociale ! cf. la vie des hommes politiques et des hommes d'affaires… Le jour, on se dit chrétien, la nuit, on retourne à ces vieilles amours, aux pratiques qui ne disent pas leurs  noms (mais vous savez ; je vous prête seulement ma bouche pour les citer : fétichisme, sorcellerie, maraboutage, magie noire…)

On agit en ' chrétien sous-marin', en 'chrétien caméléon ', en  'chrétien sauve souris' en 'chrétien raccourciste', en 'chrétien scientifique'… Que de situations hybrides, que de nivellements …

Dans une société où les chrétiens rivalisent de méchanceté, où les chrétiens excellent dans les vices, quand ils sont interpellés, ils répondent  « ça fait quoi même ?»

Mon frère, ma sœur, ça fait rire et ce n'est pas sérieux.

Aux catéchumènes : si c'est juste pour venir grossir les rangs, ce n'est pas la peine… Il faut plutôt vous inscrire pour postuler pour une nouvelle génération de chrétiens convaincus et convaincants par la qualité de leur vie. 

Le baptême ne doit pas être, bien chers tous, amis du seigneur, une pure chimère, une illusion, une perte de temps. Non, le baptême reçu est utile dans la perspective et la dynamique du salut ; autrement dit le baptême requiert de nous un genre de vie. Ou encore, il faut entendre par là que ce n'est pas le baptême comme rite qui sauve mais la vie baptismale. Le chrétien en agissant défend l'honneur de Dieu contre Satan au milieu des hommes. Nous recevons l'Esprit pour vivre comme le Christ c'est-à-dire en enfant de lumière. Il peut nous arriver de tomber mais il faut savoir se relever et avancer au large… en ayant le souci de faire de nos vies des hôtelleries de Dieu, des carrefours de DIEU et donc un lieu où Dieu est présent, où Dieu inspire nos paroles et nos actes. En outre, être chrétien, c'est être une personne qui ne se satisfait pas d'une vie morose, bancale, courbée, anémiée, ennuyeuse, d'une vie qui tourne en rond et qui finit par donner le tournis mais d'une vie qui dégage le parfum de Dieu qui est amour : marcher dans la dynamique de l'amour tel est notre vocation de chrétien (aimer mais pas  là on se couvre de bisous seulement mais qui requiert le pardon, la solidarité, la miséricorde, la charité etc.)

CHANT : l'Esprit de Dieu repose sur moi, l'Esprit de Dieu m'a consacré, l'Esprit de Dieu m'a envoyé proclamer la paix, la joie.

Puisse l'Eucharistie de ce jour nous faire prendre conscience des  exigences de notre baptême qui nous sont rappelées aujourd'hui pour qu'en notre vie, Dieu soit davantage connu, plus aimé et perpétuellement servi, Lui à qui appartiennent l'honneur, la majesté aux siècles sans fin.          AMEN

Abbé  Vincent de Paul SAWADOGO



04/02/2008
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